Un bien pour un mal
L’expression « un mal pour un bien » implique que pour maintenir l’équilibre dont le monde a besoin pour exister chaque action doit avoir un contrepoids. Un monde déséquilibré est un lieu de chaos et le chaos n’est pas favorable au développement harmonieux de la vie. C’est ainsi l’idée sous-jacente aux avatars de Viṣṇu comme Rāma et Kṛṣṇa, dont la mission est de rétablir un ordre vertueux, mais également celle qu'impliquent des déclarations telles que « quand un être meurt, un autre naît ».
Personnellement, je préfère dire « un bien pour un mal », une formulation qui confère aux expériences difficiles une valeur d’enseignement positif.
Tous ceux qui sont ou ont été frappés par un événement douloureux savent qu'au fil du temps, à mesure que le choc s'amortit et que les émotions s'apaisent, tout le bien dont ce « mal » est ou a été porteur finit par apparaître.
Confrontés dans un premier temps à notre propre vulnérabilité, vecteur d'inquiétude et de peurs nouvelles, nous sentons progressivement renaître la confiance en notre capacité à affronter le bouleversement. À mesure que les fissures se comblent vient la conscience de notre force et le sentiment rassurant de pouvoir faire face à tout, tel le roseau qui plie mais ne se rompt pas.
Au fil des jours, nos yeux se décillent et nous réalisons aussi à quel point nous tendons à projeter sur les autres notre prisme personnel et à finir par n'en percevoir qu'une image déformée. Si nous lui en donnons la chance, une forme de détachement peut s'installer, comme une détente émotionnelle qui nous met sur la voie de l'apaisement et de l'acceptation, au-delà de l'événement perturbateur initial.
Le forme de renaissance qui se met en place progressivement est un cadeau, à condition de bien vouloir l'accepter comme tel : reconnaître que la tristesse peut mener à la joie ouvre en nous des portes insoupçonnées et nous invite à laisser la vie guider nos pas, en confiance.