J'y pense et puis j'oublie
Les souvenirs donnent l'impression que le passé existe. On dit même de certaines personnes qu'elles vivent dans le passé. Il me semble plutôt que nous vivons dans l'oubli permanent. Le voile de Maya ne se limite pas à nous masquer la réalité de l'existence. Polymorphe, il nous masque aussi à nous-même. Nous passons notre temps à oublier ce qui nous fait vibrer, ce qui nous anime profondément, ce qui nous fait monter le sourire aux lèvres plutôt que les larmes aux yeux. Dans les moments "sous le vent", nous nous enroulons dans un voile opaque et restons confinés dans l'espace restreint et morne qu'il circonscrit. Pour s'en débarrasser, chacun a sa méthode. J'en ai plusieurs personnellement, mais j'avais oublié l'une de celles qui marche le mieux pour moi : prendre la route. Au volant, sur l'autoroute, rouler droit dans les bras du ciel et des nuages. Hier, les rayons du soleil couchant m'ont même caressé la joue gauche un moment. Le ciel était immense, les nuages comme une crème fouettée cosmique. Et l'immensité de l'univers qui se rappelait à mon bon souvenir, derrière le bleu trompeur. Cesser de s'oublier soi-même, lever ses propres voiles, les laisser se dissoudre dans la joie d'exister dans sa propre vérité...