Tambour battant
Il y a des moments dans l'existence où, pour des raisons parfois fortuites, des éléments épars de nos expériences ou de notre personnalité se connectent brusquement les uns aux autres, comme autant de pointillés qui n'attendaient que le bon outil pour former un dessin.
C'est ainsi que ma vie m'est apparue récemment comme un grand tambour suspendu dans l'éther. Des beatniks au shivaïsme en passant par le maoïsme, l'ésotérisme, le taoïsme et l'arbre des Sephiroth, de Bob Dylan aux mantras en passant par la musique irlandaise, le hard rock et Bollywood, de l'Irlande à la Corée en passant par la Chine et l'Inde, j'aurais pu produire une véritable cacophonie. Mais un maître mot a transformé tout ce fatras apparent en harmonie : résonance.
Car, sans entrer dans d'ennuyeux ou intimes détails, je ressens profondément la corrélation entre tous ces moments de ma vie et les expériences qui en ont découlé. Tous différents mais pourtant subtilement liés les uns aux autres, c'est de cette résonance que naît la vibration homogène qu'est le "moi" de cette incarnation. Comme un tronc constitué d'une multitude de petits troncs enchevêtrés. Comme un tissu tissé d'une multitude de fils de couleurs différentes qui se rehaussent mutuellement.
Ainsi aujourd'hui, par le biais inattendu des séries fantastiques chinoises j'ai redécouvert Tchouang Tseu... et je constate avec délice qu'il résonne fortement avec Abhinavagupta.... Je vibre et je m'émerveille chaque fois que je prends conscience de ce noyau d'unité d'où jaillit ma propre multiplicité. Et je m'abandonne en souriant à l'entêtement bienveillant de mon âme à m'amener à ses fins, quelles qu'elles soient.
Placées sous l'égide du ḍamaru de Śiva, nos expériences sont rythmées parfois par de joyeux tambourins, parfois par des tambours de guerre. L'important est de se souvenir qu'il nous revient de discerner et de cultiver le rythme harmonieux sur lequel danser notre vie.