Du passé faire table rase
Moi qui me targue de n'avoir que peu de souvenirs, voilà que le passé me colle subrepticement aux basques. Le deuil d'un partenaire est aussi celui d'une partie de vie, que plus rien ne peut ranimer. Ce n'est pas une crise à surmonter, c'est un lien à couper pour libérer ce qui a été et laisser le passé s'en aller, comme un objet libéré dans l'espace s'éloigne à grande vitesse dans le silence. Tant que nous avançons en tirant le passé derrière nous, il ralentit notre marche et rend chaque pas plus douloureux. Il fait tomber sur le présent et l'avenir, même positifs et pleins de promesse, un fin brouillard qui en ternit la lumière. Que faire ? Endurer, sans pour autant subir, attendre que la chaîne se desserre et tombe d'elle-même. Se dire qu'on est en train d'apprendre, que la route s'aplanira, que l'émerveillement et l'enthousiasme reprendront plein droit de cité. Parvenir peut-être à l'équilibre entre capacité à chérir et détachement.