L’illusion du temps
Traduction et adaptation du commentaire de Swami Lakshmanjoo des 12e et 13e vers du Bodhapañcadaśikā (Poème en quinze vers sur la conscience d'éveil), un texte d’Abhinavagupta à l’intention des « dévots non enclins à l’étude ». Original : Copyright © John Hughes
Les sages comprennent que le temps est une illusion, que la durée n’existe pas. Si ce n’était pas le cas, la durée de vie devrait être identique pour tous, moustique, être humain ou Śiva. Mais ce n’est pas vrai.
La création, dans toute sa diversité, est soumise à l’emprise du temps, qui est mort et naissance. Dans le royaume du temps chacun expérimente, en fonction de ses capacités, la douleur, le plaisir, la tristesse, le bonheur, la joie, le sexe, l’absence de sexe, le détachement, l’attachement.
Mais parfois il arrive qu’une personne reçoive la grâce soit directement du Seigneur Śiva soit du fait des enseignements ou de la force vibratoire de son maître. Lorsque le maître fait accéder son disciple à la Conscience divine, celui-ci comprend que le temps n’existe pas, qu’il s’agit d’une illusion. Sans cette expérience, il ne comprend pas qu’il est le ballon, il s'imagine être le joueur. Pourtant il a tort. Il n’est pas le joueur, il est celui avec qui joue le Seigneur Śiva.
Mais lorsque, par la grâce du Seigneur Śiva ou de son maître ou bien par la compréhension des points importants des traités consacrés à Paramaśiva, le suprême Śiva, il accède à l’état du Seigneur Śiva, il atteint la libération* et comprend que le temps est une illusion. Et il n'a rien à faire.
La véritable connaissance n’est pas livresque, car celle-ci relève de l’attachement. Elle est vécue, expérimentée, ressentie par l'adepte. Elle est la plénitude qu’atteignent les âmes élevées. Elle est la libération.
* Note de ma part : dans le Shivaïsme du Cachemire, la libération est la fin de l'ignorance de notre véritable nature.