Il pleut !
J'attends le bus sur les quais de Saône. Un vent tiède s'est levé sous un ciel qui s'assombrit. Assis sur le quai d'en face, des gens ont les pieds dans l'eau. Dans un groupe de jeunes, un couple danse sur la passerelle, trop loin pour que j'entende la musique, mais on dirait du rock. A la terrasse du pub, des gens doivent célébrer quelque chose : ils poussent des cris de joie sous les brumisateurs. En face de moi, le patchwork de styles et de couleurs des façades qui fait l'un des multiples charmes de la capitale des Gaules. Des cyclistes pressés filent sur le trottoir. Quelques gouttes... Puis d'autres. Le vent a fraîchi, la pluie d'orage s'abat dans le clair-obscur d'une nuit précoce. Je souris intérieurement. Je suis contente d'avoir oublié mon parapluie et de pouvoir accueillir cette bénédiction. J'imagine la joie à l'arrivée de la mousson dans les pays où la chaleur est bien pire qu'ici. La pluie, l'eau, la vie. Aimer la vie, aimer sa vie. Tout d'un coup l'évidence : tant que ce sera le cas, rien n'aura de prise durable sur moi, pas même le temps qui passe.