Naggar
Imaginez un village qui s’étage à 1800 m d’altitude sur les flancs d’une montagne. En face, de l’autre côté de la vallée de Kullu, elle-même à 1279 m, au-dessus de la zone de végétation, des sommets enneigés à 4-5000 m. N’essayez pas d’y coller des images des Alpes, ça n’y ressemble pas. Déjà, il y a des singes. Mais surtout les deux barrières montagneuses qui se font face, loin de menacer nous embrassent dans leurs courbes protectrices. Sur leurs pentes, partout des villages, des maisons, si bien que la nuit, les lumières allumées donnent l’impression que les étoiles s’y reflètent. Le bruit intermittent des klaxons se mêle au bruissement sonore du torrent qui descend de quelque part pas loin et au chant des oiseaux, dont des sortes de gros merles pas farouches pour deux sous.
Ici tout est pentu, pour ne pas dire franchement abrupt. Pour une raison que j’ignore on préfère les marches aux sentiers, de préférence plutôt hautes et inégales. L’autre jour nous sommes montés au temple Bijli Mahadev à 2460 m, dédié à Shiva qui protège Kullu de la foudre. 3 km de marche en pente pas douce... et des marches. Curieusement, nous parvenons à effectuer cet effort non négligeable sans problème pour respirer. Arrivés en haut, plein d’échoppes vendant à boire et à manger, avec un peu de rap indien dans l’air. Et puis des vaches... et des chiens bien sûr, omniprésents, bien nourris, curieux mais jamais agressifs.
Dans le temple, un couple faisait une puja. Amies du chant védique, vous entendrez un enregistrement live du Siva arati avec conque ! Et puis le panorama à 360° sur les montagnes, la vallée de la Beas en bas et les villages accrochés aux pentes.
Cette région est très fréquentée par les touristes indiens et les occidentaux y sont peu nombreux. Du coup, la saveur des expériences et des contacts y est plus juste. Mes cheveux frisés roux ont un franc succès et suscitent souvent des échanges inattendus et chaleureux immortalisés par des selfies.
Je sais maintenant me comporter pour entrer dans un temple, utiliser un DAB local, prendre un taxi : ils sont partout, individuels ou collectifs ou rickshaws à moteur. Même si je reste évidemment à la surface de la vie des gens, les détails du quotidien se font plus familiers chaque jour. Seul motif d’agacement pour moi, la difficulté de communiquer car l’anglais est très rudimentaire ici. Du coup, c’est décidé, je me mets sérieusement au hindi en rentrant !