Yoga de la connaissance et de l'action
Extrait du commentaire de Swami Lakshmanjoo sur les versets 5-9 de la Bhagavad Gita figurant dans l'ouvrage « Bhagavad Gita in the Light of Kashmir Shaivism » transmis par l'Universal Shaiva Fellowship (traduction et adaptation par mes soins).
« La connaissance requiert l’action et l’action requiert la connaissance. Action et connaissance sont interdépendantes.
C’est ce que disent également les philosophies shivaïtes : la connaissance requiert l’action et l’action requiert la connaissance. Le maître qui se montre simultanément efficient en termes d’activité et de connaissance est capable d’élever l’univers tout entier à lui seul.
L’action (karman) qui réside au centre de la connaissance est inévitable. Nous en dépendons. Pour vivre, nous devons agir. Celui qui ne fait rien respire malgré tout. Celui qui ne fait rien pense. Il ne fait pas rien : il s’endort et rêve et agit en rêve (par exemple, il marche ou il roule en voiture). Il fait quelque chose. Tout cela participe de l’action car l’action prédomine partout.
Mais lorsque le maître fige tous ses organes d’action, demeure assis parfaitement immobile et ferme les yeux, que fait-il ? Il pense et son esprit l’entraîne ici et là. Ses disciples le croient en samādhi, mais il lui arrive de s’endormir. Sa méditation est un mensonge. Elle ne fonctionne pas. Cet homme est pire qu’une personne ordinaire. Une personne ordinaire qui travaille nuit et jour au jardin vaut bien mieux qu’un yogin assis le dos bien droit.
Habité en permanence par la présence de la conscience divine, le véritable yogin marche, parle, bavarde, regarde, serre des mains, etc., sans s’attacher à ces actions. Il change d’itinéraire mais ignore où il est allé et d’où il revient. Lorsque vous avancez sur le bas-côté de la route, vous voyez des objets ici et là. Lorsque vous roulez en voiture, vous voyez des feuilles sur la droite et la gauche, mais ces impressions de feuilles ne s’impriment pas dans votre esprit.
C’est ainsi qu’il convient d’agir en ce monde. Vous devez agir, mais toujours en lien avec la conscience divine. Agir est supérieur à ne pas agir. Notre existence corporelle dépend de l’action. L’une ne va pas sans l’autre. Sans action, le corps ne vit pas, il se brise en mille morceaux.
L’action doit résider dans la conscience divine. Elle ne porte de fruits que si vous le désirez. En revanche, les actions accomplies en demeurant intérieurement centré sur la conscience divine ne portent aucun fruit, mais donnent automatiquement accès à la connaissance du suprême Seigneur, Bhairava. »