Le principe de l'écharde
Nous avons tous des peurs : mineures ou majeures, insidieuses ou insolentes, ataviques ou liées à notre histoire, elles sont toujours là, tapies quelque part dans les recoins de notre psychisme.
Leurs manifestations sont diverses mais leurs effets toujours identiques : mal-être, exacerbation des émotions négatives, difficulté ou incapacité à agir, anxiété. Perfides, elles font tout pour masquer leur véritable cause, comme si nous voulions nous interdire de la voir.
Le seul remède aux peurs récurrentes qui nous hantent et parfois nous manipulent, c'est la confrontation. La peur-racine est comme une écharde si fine que l'on ne parvient pas à la voir. Elle génère une zone d'inflammation dont la cause nous échappe jusqu'à ce qu'une observation attentive et minutieuse nous permette de la repérer et de l'extirper. Alors vient le soulagement : plus d'écharde, plus de douleur. Plus de peur, plus de souffrance.
Ce principe vaut d'ailleurs tout aussi bien pour les périodes de confusion : pourquoi ces échecs répétés, ce vague sentiment de malaise, ces murs auxquels on se heurte, ces marécages où l'on se perd ? Impossible de trouver une solution si nous ignorons sur quoi agir.
Le courage requis pour extraire nos échardes s'appuie sur l'introspection, la confiance, la volonté de briser les entraves de schémas répétitifs qui nous empêchent d'aller de l'avant ou ralentissent notre progression. Le processus prend du temps, surtout si nous avons intégré des peurs dans le ciment de notre construction mentale, mais il vaut la peine d'être mis en route car la libération qui naît de faire apparaître la vraie peur au grand jour et de la confronter a une saveur sans pareille !
Dans la pratique, on s'aperçoit fréquemment que, même l'écharde retirée, sa zone d'influence demeure sensible un certain temps ou même un temps certain. C'est là qu'intervient l'enseignement de l'arcane de la Force : il ne sert à rien de nier, de mater ou d'emprisonner ce qui nous effraie ou nous met mal à l'aise. En revanche, la lucidité et la bienveillance à notre propre égard permettent de les amadouer, d'éclairer nos comportements, de nous libérer d'un asservissement fréquemment auto-infligé et de transformer nos souffrances en paix.
À (re)lire : La Force.