Pleine lune de juin : démons et merveilles
La pleine lune du 28 juin 2018 (6h54) se trouve dans la maison lunaire Mūla (0 à 13,20° dans le signe du Sagittaire), située à proximité du centre de notre galaxie. Elle est régie par la planète virtuelle Ketu, lien symbolique avec nos vies antérieures et les conséquences de nos actions passées, et par la démone Nirṛti (Infortune), déesse de la maladie, de la mort et de la misère.
Mūla signifiant « racine, origine, fondation », la quinzaine inaugurée par cette pleine lune, nous met en relation directe avec les fondements douloureux de notre incarnation présente. La vigueur de son influence rajasique sera susceptible de rouvrir les failles creusées par des événements passés que nous pensions avoir comblées ou dont nous avions oublié l’existence.
Le lion tapi prêt à bondir sur sa proie et le bouquet de racines lié par une cordelette qui symbolisent ce nakṣatra éclairent les dangers qui nous guettent et sur lesquels Mūla attire notre attention : tant qu’elles ne sont pas comprises, acceptées/apprivoisées et transformées/transcendées, les souffrances anciennes peuvent resurgir et nous asservir à nouveau.
Entre la naissance et la mort, les deux bornes de notre matérialité, s’inscrit l’inévitabilité de l’action et de ses conséquences, autrement dit le karma, qui, d’une certaine façon, nous définit.
Cette pleine lune va donc exercer sur nous une double influence. Dans un premier temps, sa lumière va éclairer crûment les attachements qui nous enserrent et que nous pouvons confondre avec une forme de sécurité ou de stabilité. Elle va nous faire prendre conscience de la fragilité de nos certitudes et de nos faux-semblants, soulever les tapis sous lesquels nous avons voulu faire disparaître ce qui nous a blessés et agiter la poussière des choses oubliées.
Dans un deuxième temps, l’aspiration à la libération du cycle des renaissances portée par Ketu et la volonté destructrice de Nirṛti pourront faciliter le décryptage des rouages des schémas et des comportements répétitifs dont nous nous sommes rendus prisonniers et, ce faisant, nous en libérer.
Pour réaliser tous les bénéfices de l’énergie à première vue sombre de cette pleine lune, il convient d’y voir l’opportunité d’entamer un grand nettoyage intérieur : une introspection honnête et approfondie peut en effet être à l’origine d’intuitions qui éclairent les fondements de la personne que nous sommes aujourd’hui et brisent ses entraves.
L’énergie disruptive de Nirṛti a la capacité de détruire les mauvaises herbes qui empêchent notre Racine de respirer et son véhicule, notre être incarné, de prospérer. Elle nous donne l’occasion de rompre avec le passé pour mieux nous ancrer dans le présent, de devenir notre propre nouvelle origine.
Subie, cette période sera susceptible d’être source de confusion et d’incompréhension. Elle pourra sembler exiger des sacrifices trop lourds et nous pourrons être tentés de refuser de nous replonger dans des événements que nous avions tout fait pour oublier, même si cela risque de s'avérer thérapeutique.
En revanche, accueillie comme une opportunité difficile mais positive, elle nous permettra de reprendre le pouvoir que nous avions abdiqué, de fixer de saines limites à notre entourage si nécessaire et même de franchir un grand pas dans notre développement spirituel. Pour ceux d’entre nous qui se sentent victimes, le moment est parfaitement choisi pour mettre fin aux relations ou aux perceptions toxiques et redresser la tête.
La pleine lune en Mūla nous rappelle que les racines sont des sources de vie qui permettent de se développer et de s’épanouir. Qu’elles fondent un être humain ou un végétal, elles ont besoin de bienveillance et de soins attentifs pour se développer harmonieusement. Si elles sont malades, il est toujours possible de les guérir. Si elles dépérissent, il est toujours temps de les transplanter dans un environnement plus propice.
L’arcane majeur associé à cette pleine lune est le 9, l’Hermite. Ce vieillard solitaire qui tient d’une main un bâton feuillu et de l’autre une lanterne incarne à lui seul la fin et le début de toute expérience. Situé à l’interstice de ce qui n’est plus et de ce qui n’est pas encore, il est la racine d’un nouveau possible nourrie par le passé, sans pour autant y être asservie. Il nous invite à revenir en arrière pour mieux éclairer la voie qui va s’étendre devant nous, même si pour l’heure nous en ignorons encore le tracé. En cette période rugueuse, pensons nous aussi à tourner notre regard vers notre lumière intérieure pour faire face sereinement aux démons que nous risquons de trouver sur notre chemin.
Ressources:
- AnandaShree Astrology
- Julianne Victoria, Shedding Light on Jyotisha: Vedic Astrology for Beginners