Nouvelle lune de février : danser sa vie

La nouvelle lune du 15 février 2018 (22h06) se combine à une éclipse solaire partielle, qui ne sera pas visible en Europe. Elle se situe dans le nakṣatra Daniṣṭhā, qui s’étend de 23°20 en Capricorne à 6°40 en Verseau, dans la constellation du Dauphin, et dont le nom signifie « la très rapide ». Symbolisé par un tambour, ce nakṣatra a pour régents la planète Mars et les huit Vasu*. Saturne, régent du Capricorne et du Verseau, y exerce une influence non négligeable.

Intervenant dans la foulée de Mahaśivarātri, la nuit de dévotion consacrée à Śiva, cette nouvelle lune est tout naturellement placée sous le signe du Roi des danseurs, Śivanaṭarājan, qui, par la vibration mystique de son ḍamaru, crée et détruit le monde, et par le rythme effréné de sa danse détruit les émotions et les désirs qui nous asservissent. 

Pris entre les tambours de guerre de Mars qui nous poussent à la conquête et à la dispersion et la volonté canalisatrice de Saturne qui nous pousse à la rigueur et au centrage, la quinzaine qui s’ouvre risque de s’avérer riche en tensions et en (im)pulsions contradictoires.

Le guerrier et le yogin, ces deux aspects complémentaires de Śiva, deviennent pour nous deux temps de la connaissance de soi : le premier nous incite à secouer vigoureusement la routine et les habitudes mentales pour que le second puisse nous montrer la voie à suivre.

En d'autres termes, pour tirer un profit maximal des énergies qui nous sont offertes cette quinzaine, il convient de prendre conscience de ce que nous avons à détruire et de ce que nous souhaitons construire. La période nous convie donc à une réflexion approfondie sur les transformations à apporter pour nous trouver en harmonie avec nous-même et nous libérer de nos entraves. 

S'il vient toujours un moment où une dose de chaos s’avère utile pour accélérer les changements nécessaires, Daniṣṭhā nous permet de prendre conscience de la mélodie subtile de sagesse et d’équilibre toujours présente en contrepoint, à laquelle pourtant nous avons tendance à être sourds.
 
À l'instar de Śiva réduisant en cendres Kāma, le désir, d’un seul regard de son troisième œil, nous pouvons renoncer à nos habitudes, nos croyances et nos fréquentations négatives et changer notre destinée. Soyons conscients cependant du fait que notre capacité à puiser dans notre intuition et notre intellect pour nous guider a été affaiblie par l'obscurcissement successif de nos deux principaux luminaires et accordons-lui un peu de temps pour se régénérer.

Plus prosaïquement, l’alignement étroit de cette éclipse avec Mercure risque de provoquer des retards et des détours dans les voyages et de fausser la communication. De la même manière, Vénus continue à rendre volatiles pour quelque temps encore les relations amoureuses, les partenariats et les finances.
 
Mais si vous vous sentiez prêts à lâcher les lourds bagages qui vous encombrent peut-être depuis des décennies et à vous lancer en conscience dans la danse de la vie, n’hésitez pas à profiter de ce moment propice car vous œuvrez pour votre libération.

C’est l’énergie vibratoire de la Roue de la Fortune, l’arcane 10 (1), qui préside à cette nouvelle lune. Elle confirme que le moment est venu de passer à autre chose et d’impulser à notre vie un nouvel élan. Un nouveau cycle peut commencer. Sous l’égide de Daniṣṭhā, la très rapide, il risque de se mettre en branle sans attendre, mais attention à ne pas confondre vitesse et précipitation. Le succès des changements entamés pendant cette période dépendra en effet pour une bonne part de la justesse du regard que nous poserons sur notre vie ainsi que de notre aptitude à le dépassionner et à viser ce qui nous élève plutôt que ce qui nous abaisse ou nous fait stagner.

* Les Vasu sont les huit sphères d’existence védiques et la forme visible des lois de l’univers.

Ressources :
- AnandaShree Astrology
- Alain Daniélou, Mythes et dieux de l'Inde, Éditions Flammarion.