Bhairavastava
Cet hymne du grand philosophe shivaïte Abhinavagupta est une louange à l'unicité divine, Bhairava, c'est-à-dire à Śiva non différencié de son énergie. Je cite ci-dessous quelques succincts extraits du commentaire de Lilian Silburn qui en explicitent le sens (je trouve sa traduction supérieure à celle proposée en anglais dans la vidéo).
« Abhinavagupta affirme à plusieurs reprises son identité à Bhairava, à l'énergie divine, à l'univers, ces trois ne faisant qu'un. [...] de la quintuple activité du Seigneur il ne mentionne ici que la grâce [...] cette grâce qui jaillit toujours et partout [...]. C'est elle qui révèle de façon soudaine Śiva comme le Soi que l'on prenait précédemment pour un je limité, impuissant et, mieux encore, elle dévoile Śiva comme identique à tout, à savoir Bhairava partout répandu, en nous, hors de nous, toujours égal à lui-même, que ce soit dans les liens ou dans la douleur. [...] La conscience [...] perpétuellement surgissante a pour rayons les choses que je contemple. Mieux encore, je suis, moi, la Réalité des choses. Ma tâche sera donc de faire pénétrer les rayons de la lumière consciente qui les illumine et dont je suis la source, jusque dans le monde que j'appréhendais comme objectif et extérieur à moi. Alors et alors seulement, je m'identifierai à la Conscience et à son irradiation, celle-ci étant moins une connaissance qu'une extension de mes pouvoirs et de ma félicité. »
Pour déguster sans modération le nectar de cette pensée source inextinguible d'émerveillement et d'évidence, n'hésitez pas à vous plonger dans l'ouvrage « Hymnes de Abhinavagupta », traduits et commentés par Lilian Silburn, Publications de l'Institut de civilisation indienne, fascicule 31, De Boccard Édition-Diffusion.
Et pour mes amis sanskritistes (ou pas !) qui se lanceront à chanter avec cette jeune femme, je souhaite le même plaisir gourmand que celui que je ressens à laisser ces mots-perles former leur mala sur le fil de ma voix.