Nouvelle lune de décembre : embrasser l'obscurité pour mieux retrouver la lumière

Publié le par Jyoti

La nouvelle lune du 18 décembre (7h31), la plus sombre de l’année dans l’hémisphère nord, se situe dans le nakṣatra Mūla (« racine, fondation »), qui couvre de 0°00 à 13°20 dans le signe du Sagittaire et se trouve à l’emplacement de l’aiguillon venimeux du scorpion dans la constellation éponyme, proche d’un trou noir massif au centre de notre galaxie.  Symbolisé par la queue d’un lion et un aiguillon à éléphant, il est régi par la planète virtuelle Ketu et la déesse de la mort et du chaos, Nirṛti*.

C’est donc à une plongée dans nos abysses que nous convie cette dernière nouvelle lune de l’année. Chaque nouvelle lune est propice au nettoyage des énergies stagnantes (et des placards !), mais celle-ci nous y invite avec encore plus d’exigence. Car c’est au plus profond de nous qu’elle nous demande d’aller dégager avec persévérance et détermination les scories et les débris en tout genre déposés notamment par les turbulences de l’année. Elle nous suggère avec fermeté de laisser au moins un instant de côté la frénésie actuelle d’acquisition d’objets et de regarder au-delà du monde matériel. Elle nous rappelle l’importance d’extirper tout ce qui alourdit le socle de nos vies et l’empêche de voguer sans dommages sur l’océan de l’impermanence, notre lot commun.

Cette introspection vigoureuse, et peut-être même douloureuse, s’inscrit dans le contexte de la configuration planétaire transformationnelle dite du cobra (kālasarpa yoga) à l’œuvre depuis mi-septembre, qui persistera jusqu’à fin janvier 2018, et pendant laquelle les planètes sont prises en étau entre Rāhu, la tête du cobra, et Ketu, sa queue. Cette configuration est susceptible de susciter un chaos intérieur (et même sociétal) en raison des tensions entre ses deux pôles : autosatisfaction/automortification, prise de risque/détachement inhabituels, attraction/répulsion, désir urgent d’obtenir des privilèges/de renoncer aux attachements.

Pour certains, le temps d’obscurité physique et symbolique qui accompagnera cette pleine lune ne se traduira pas par une introspection active, mais par des mouvements de l’inconscient dont les manifestations pourront être une humeur assombrie sans raison apparente, une lassitude à l’égard des attentes de l'entourage, un sentiment plus ou moins net d’insatisfaction. Dans tous les cas, l’approche du solstice d’hiver associé au fait que Saturne soit conjoint à la Lune, pourra entraîner une baisse d’énergie et d’enthousiasme ainsi qu’une tendance à l’introversion.

Mais cette nouvelle lune entrouvre aussi le portail du retour progressif de la lumière annoncé par le solstice d’hiver imminent. Ce qu’elle nous invite à détruire, ce sont toutes les choses qui empêchent nos racines de respirer et notre arbre de vie intérieur de grandir et de fleurir. Car le sens du chaos et de la dissolution est de laisser la place à l’expression d’une vie nouvelle et purifiée.

Même si le processus pourra s’avérer difficile, si ce n'est pour certains rebutant, profitons du puissant pouvoir spirituel de cette nouvelle lune en Mūla pour effectuer le bilan clairvoyant de l’année presque écoulée, car elle nous confère la capacité de dresser un diagnostic sans complaisance de problèmes qui semblaient insolubles et de nous ouvrir à l’élargissement du champ des possibles.

Sans surprise, l’énergie vibratoire de l’arcane 13, la Mort, baigne cette nouvelle lune. Lui aussi nous appelle à tirer les enseignements du passé, à abandonner les oripeaux qui ont fait leur temps, à renoncer à ce qui n’a plus lieu d’être, à dénouer les liens devenus des chaînes, à regarder plus haut et plus loin afin de renaître à nous-mêmes. Mais une autre énergie est également présente : celle de l’arcane 18, la Lune. En effet, son chemin et celui de Mūla nous mettent en contact avec nos racines les plus profondes. Voies d’éveil, ils nous hissent progressivement de ce que nous avons de plus atavique, des boues de l’inconscient, des profondeurs insondables des eaux originelles jusqu’à la lumière de la pleine conscience. Tous deux nous disent que l’obscurité est un moyen vers une fin, un passage obligé, et que nous ne sommes pas condamnés à l’obscurantisme et à l'aveuglement contrairement à ce que voudrait nous faire croire l’arcane 15, le Diable.

* Déesse védique appartenant à la classe des démons, vénérée dans le royaume de Sindhu situé le long de l'Indus, aujourd'hui une des provinces du Pakistan.

Ressources :
- AnandaShree Astrology
- Barbara Pijan
- Guide de prononciation sanskrite

Publié dans Astrologie

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