Action de grâce
Bien souvent dans ma vie, et pas seulement dans les situations difficiles, la crainte « de ne pas... » n'est jamais bien loin, sur le qui-vive, prête à bondir hors de sa boîte comme un pantin à ressort.
Je sais qu'elle n'est qu'une illusion car ma vie, par rapport à de nombreuses autres, est un chemin semé de pétales de rose. Mais n'empêche... Alors, quand je sens le couvercle frémir, je sors mon arme de destruction massive : dresser la liste réaliste et non fantasmagorique des points négatifs et des points positifs. Et là je m'aperçois que le positif l'emporte haut la main sur le négatif, à supposer même que je parvienne à trouver du négatif fondé sur des faits objectifs plutôt que des fantasmes.
J'ai donc décidé de rendre grâce au moins une fois par jour pour les bienfaits qui me sont dispensés si généreusement et de faire entrer dans mon vocabulaire intérieur des mots comme gratitude, confiance, allégresse. Pas facile néanmoins de mettre en place cette décision car les habitudes mentales sont compliquées à désincruster et tant de choses triviales se battent pour accaparer notre attention que nous avons vite fait de rejeter au second plan ce qui est vraiment important.
J'avais tendance à dire que j'avais de la chance. Mais j'ai rayé ce mot de mon vocabulaire. Sur la base de mon expérience, je dirais que plusieurs choses se conjuguent pour colorer notre chemin, notamment l'acquis des vies antérieures, la conjonction astrale du moment choisi pour notre naissance, le façonnage du milieu dans lequel nous grandissons, les caractéristiques du véhicule dans lequel nous avons choisi de nous incarner. La chance, comme le hasard, n'existe pas. Nous forgeons notre vie à chaque pas à partir de ces bases et ce que nous vivons comme heureux ou malheureux, au sens large, est le résultat de nos choix.
Mais il y a aussi les fois où l'on se sent protégé : un projet se déroule sans anicroches, depuis les décisions majeures jusqu'aux détails mineurs, alors qu'à côté sévit la tempête. Quelle âme amie me protège avec tant de sollicitude depuis quelques mois ? Elle et Moi savons dans quel but, moi je prends ce qui m'est donné en me disant que c'est pour la bonne cause, quelle qu'elle sera.
Mener de front déprogrammation et reprogrammation est ardu à cause de l'oubli. En ce qui me concerne en tout cas, sa trappe est toujours prête à s'ouvrir comme si le mental craignait de perdre son pouvoir si je parvenais à faire de ma vie toute entière une action de grâce permanente. Je sens parfois, comme quelque chose saisi du coin de l'œil, la douceur joyeuse et libre qu'apporterait cet état, impression fugace qui me conforte dans le sentiment qu'il suffirait d'une pichenette pour que le miroir déformant à travers lequel je vois le monde se brise en mille morceaux.
Une amie, qui sait de quoi elle parle, me dit souvent qu'il suffit de vivre au présent. Elle a raison et les circonstances font que j'apprends à prendre un jour après l'autre. Et si l'impulsion de projections négatives devient trop forte, je m'efforce de me concentrer sur des perspectives positives.
Rendre grâce, c'est également remercier de l'amour que nous recevons non seulement les forces spirituelles, mais aussi des proches sur lesquels nous pouvons compter.. et réciproquement !
Nous avons tous de multiples et bonnes raisons de rendre grâce. Ne nous privons pas de cette joie !