Nourriture

Publié le par Jyoti

La Nourriture est le principe universel, car en vérité les êtres sont faits de nourriture, une fois nés ils vivent de nourriture et une fois morts ils deviennent eux-mêmes nourriture - Taitirrīrya Upanishad 3, 2

Parmi toutes les relations qui tissent la matière de nos vies, il y a celles qui durent, celles qui nous marquent, celles qui nous transforment, celles qui nous (r)éveillent à nous-mêmes, celles qui, à travers leur lot de joies et de difficultés, approfondissent la connaissance de soi et débroussaillent le chemin. Il y a aussi celles qui se terminent et celles dont le sens finit par se diluer dans les méandres du quotidien.

Le mystère de leur début reste souvent entier : qu'est-ce qui nous attire vers tel ou tel être à un moment donné ? Les tenants de la raison dite objective nous parlent de phéromones, d'instinct de reproduction, de réactions chimiques. Certes, tout cela existe et entre en jeu, mais pour moi ce ne sont que des effets et non des causes. Il me semble qu'il existe deux grandes catégories de raisons : la recherche de la complétude (combler nos manques perçus) et la rencontre de l'âme-sœur, cette entité que nous retrouvons d'incarnation en incarnation et à laquelle notre destin est lié de toute éternité, tels Arjuna et Kriṣṇa.

Lorsque les vicissitudes et l'aspect répétitif du quotidien prennent le pas sur l'émerveillement, nous tombons aisément dans le piège de ne plus voir que ce qui sépare plutôt que ce qui unit. Nous oublions que l'harmonie est un équilibre qu'il convient d'entretenir en permanence. Et il peut nous arriver de perdre l'autre au détour d'un chemin, d'autant plus facilement si il ou elle ne nous apparaît plus « comme avant ». 

Un événement, même anodin, nous pousse parfois à revenir à la source, à reprendre contact avec cette personne dont nous pensions nous être éloignés, à prendre conscience que l'essence de la relation n'a pas changé et que notre vision des choses était peut-être devenue caricaturale ou trop axée sur nos propres attentes pour prendre en compte l'autre derrière la façade.

Les relations sont à notre psychisme ce que les aliments sont à notre corps : une nourriture. Comme le second peut nous réclamer du sucre ou du sel, le premier peut réclamer la douceur, l'énergie, l'apaisement, la force, etc., dont nous pensons manquer ou posséder en quantité insuffisante.

La nourriture est une énergie de vie. À ce titre, tout comme nous veillons à ne pas empoisonner notre corps avec des denrées frelatées, nous devons veiller à ne pas polluer notre psychisme avec des relations nocives pour notre équilibre et notre développement. Mais avant de supprimer un aliment de nos menus parce que nous le jugeons écœurant, insuffisamment nutritif, fade ou dangereux, rappelons-nous des raisons pour lesquelles nous l'y avons intégré au départ. Que nous apprend ce rejet sur nous-mêmes ? Sur nos besoins et nos attentes ?  Sur nos choix de vie ? Comment réagirons-nous à sa suppression ? Et s'il y avait moyen de le cuisiner autrement pour qu'il retrouve grâce auprès de nos papilles ? 

Les relations affectives sont des processus d'échange complexes entre des êtres aux multiples facettes. Peut-être est-ce d'ailleurs dans cette complexité que nous puisons notre nourriture la plus riche.

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