VṚT : le tourbillon de la vie
Du sens premier de la racine VṚT, « tourner, rouler », découlent, entre autre, les sens abstraits de « se produire, agir, exister ». Son dérivé le plus célèbre, vṛtti, figure dans le deuxième sūtra de la première partie des Yogasūtra de Patañjali. Les dictionnaires lui donnent notamment les sens de « fait de rouler » mais aussi de « mode d'existence ». Il est souvent traduit par « fluctuations ».
L'existence apparaît ainsi comme un agissement en perpétuel mouvement, toujours identique et en même temps toujours différent : à chaque tour de roue semblable au précédent, une distance est franchie qui conduit à un nouvel espace.
« Pierre qui roule n'amasse pas mousse » dit le proverbe. La dynamique du mouvement cyclique qui anime l'univers tout entier, du macrocosme au microcosme, introduit une forme de permanence (l'inéluctabilité du changement) dans l'impermanence (l'expérience du changement permanent). La mousse de la stagnation qui y fait obstacle peut en ralentir l'élan, mais pas le stopper.
On pourrait dire aussi que l'existence est barattage : une tentative patiente de créer à partir de la multitude de ses ingrédients ce que chacun de nous considère comme le bonheur, dans un mouvement toujours recommencé.
Que nous le voulions ou non, la roue tourne et nous n'avons d'autre choix que de tourner avec elle. Plutôt que d'en subir le mouvement ou de tenter de le freiner, nous pouvons l'accompagner tels le surfer qui fait corps avec la vague et habiter totalement l'espace de liberté dont la jouissance nous est accordée au sein de nos limites.
Ressource :
Guide de prononciation sanskrite