Pleine lune de février : sublimer le venin
La pleine lune du 11 février (1h33) a été associée à une éclipse lunaire pénombrale intense qui a enveloppé la quasi-totalité du disque lunaire.* Cette éclipse a été visible en France entre 23h30 le 10 février et 3h55 le 11 et a atteint son maximum à 1h45.
Le double phénomène de pleine lune et d’éclipse a eu lieu dans la maison lunaire d’Aśleṣā**, symbolisée par un serpent et régie par la planète Mercure. Sa déité, Ahi, est un nāga, un dangereux cobra à la langue fourchue dont la race, capable de changer de forme, règne sur les profondeurs souterraines et garde les trésors de la terre. Cette maison se situe dans le signe du Cancer, placé sous l’influence de la Lune.
Symbole d'une grande puissance, le serpent représente la transformation, l'immortalité, le temps, l'énergie mystique de la kuṇḍalinī, la sexualité, les profondeurs obscures de l'être. Le serpent Ananta (l’immortel, l’infini), enroulé autour d’une montagne, a permis de baratter l’océan de lait pour fabriquer le nectar d’immortalité que se disputent les dieux et les démons. Il est aussi le lit sur lequel Viṣṇu repose après la dissolution de l'univers.
La pénombre qui marque le début de cette quinzaine sombre, traditionnellement consacrée au culte des morts et des démons, augure donc de deux semaines où le venin risque d’être plus mortel que guérisseur. Cette pleine lune ouvre la voie à des tensions et des conflits, au déchaînement de la sensualité comme aux excès mystiques. Des changements brutaux et radicaux sur les plans personnel et collectif seront à l’ordre du jour. Cette période pourra être propice à des luttes de pouvoir et des conflits relationnels susceptibles de provoquer des ruptures douloureuses et de rouvrir de vieilles blessures. Méfiez-vous des états de conscience modifiés qui échapperaient à votre contrôle et des attractions amoureuses où la sensualité l’emporterait sur les sentiments au point d’obscurcir les enjeux.
Veillez à ne pas laisser votre démon intérieur envenimer vos paroles et tournez sept fois la langue dans la bouche avant de cracher votre venin. Sous l’influence de la langue fourchue d’Aśleṣā, Mercure, la planète de la communication, aura bien besoin de l’aide de Jupiter, par lequel il sera aspecté, pour « parler d’or » et éviter les discours et les pensées malveillants à l’égard de soi-même comme d’autrui. Que la parole s’envole ou que les écrits restent, les mots laissent toujours des traces et mieux vaut éviter les dégâts inutiles.
La période enclenchée par cette pleine lune va nous placer en équilibre instable sur la ligne fine qui relie les pôles de la dualité, espace précaire où nos émotions et notre intellect vont se livrer bataille, mais elle aura aussi le pouvoir libérateur de révéler et de briser les illusions. La morsure du serpent pourra nous éveiller de la torpeur où nous étions tombés et réactiver notre potentiel de créativité et de remise en question. Le barattage de notre inconscient pourra faire remonter au grand jour nos peurs, nos ambitions et nos addictions les plus secrètes, nous donnant ainsi l'occasion de les assumer ou de les mettre hors d'état de nuire.
Pendant cette période, tout sera une question de dosage : n’oublions pas que le venin peut tuer ou guérir et que la neutralité de Mercure pourra nous pousser vers le meilleur comme le pire.
Heureusement, l’énergie vibratoire du Hiérophante, le cinquième arcane, qui préside à la venue de cette pleine lune, nous aidera à rééquilibrer l'excès de polarisation, nous incitera à tirer les enseignements de ce qu’il nous aura été donné de vivre, à résister à la tentation de l’extrême afin d’éviter les situations dont il serait difficile de sortir une fois passées ces turbulences et à sublimer les effets du venin pour transformer la souffrance en source de sagesse et d’illumination.
* Une éclipse pénombrale se produit quand la Lune traverse la pénombre de la Terre (partie externe de l’ombre terrestre où l’éclairement solaire est partiellement arrêté). La pénombre ne provoque qu’un faible obscurcissement de la surface lunaire.
** Nom féminin dérivé d’une racine signifiant enserrer, étreindre.
Source : Anandashree astrology