Vers un monde nouveau ?

Publié le par Jyoti

Depuis le début de l'année, lorsque j'entends s'exprimer les politologues, les économistes et les géopoliticiens, je suis partagée entre l'inquiétude et l'anticipation. Vue d'en bas, la nouvelle donne mondiale que constitue notamment l'exercice du pouvoir façon Donald Trump (tout au moins pour le moment) incite à s'interroger.

Vue d'en haut, la situation internationale m'apparaît comme les affres de l'accouchement d'un monde nouveau. Le nouveau est déjà là. Visible, il s'agit de la mondialisation de l'économie, d'Internet et de son énorme impact sur les relations humaines, les échanges commerciaux et la diffusion des connaissances, de la virtualisation de l'argent (il est bien loin le temps où le bétail servait de monnaie d'échange...), de l'intérêt croissant pour l'environnement, etc. Moins visible, il s'agit des découvertes scientifiques et des avancées technologiques qui progressent en coulisses et qui, à terme, changeront notre vision de l'univers et refaçonneront nos modes de vie.

Le monde dans lequel nous vivons est en pleine mutation. Pour nombre de gens, et pas seulement aux États-Unis, ce socle considéré immuable qui bouge sous leurs pieds est source de profonde inquiétude. Et cette inquiétude est corroborée et renforcée par des actes terroristes qu'il est légitime de craindre. Face à ces secousses, ils cherchent à se raccrocher à quelque chose de solide : le connu. Le repli sur soi et le rejet de l'autre apparaissent comme la seule solution de survie. À l'abri de ces boucliers illusoires, ils pensent pouvoir ressusciter et figer un âge d'or imaginaire : celui du monde « d'avant ».

Comme la nature a horreur du vide, les cartes commencent à être rebattues ici et là. Au moment où les États-Unis semblent fermer la porte derrière eux, la Chine entrouvre la sienne. L'Union européenne est prête à ouvrir les bras aux grandes entreprises américaines qui souhaiteraient prendre de la distance avec la nouvelle administration. Les institutions européennes pourraient sortir rajeunies du Brexit. Le Mexique pourrait tourner le dos aux États-Unis et se rapprocher de l'Amérique centrale et du Sud.

Tremblements de terre et tectonique des plaques socio-économiques : le socle est effectivement en train de bouger, la réorganisation du monde est en marche.   

Cette période mouvante où se superposent l'ancien et le nouveau n'est pas rassurante, mais ne doit pas angoisser non plus. Il faut la voir comme un phénomène transitoire (ce qui ne veut pas dire bref) et nécessaire. Quel visage aura le monde lorsque la poussière sera retombée ? Assistons-nous à un relooking superficiel ou à un remodelage en profondeur ? Si les extrêmismes de tous bords sont tellement en faveur aujourd'hui, n'est-ce pas le signe que les lauriers sur lesquels le vieux monde s'est endormi ont fané ?

Lorsque l'ordre devient stagnation, lorsque les sociétés continuent à vivre sur la lancée de concepts et d'idéologies d'un autre âge, le chaos s'installe. Sans destruction, il ne peut pas y avoir de création. En ce sens, le chaos est salutaire parce qu'il réveille : il doit inciter ceux qu'il secoue à s'interroger et à se remettre en cause. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? me semble une question davantage porteuse de progrès que Comment les convaincre qu'ils ont tort de ne pas voir les choses comme moi ?

Chacun d'entre nous interprète et ressent les soubresauts actuels à travers le filtre de sa propre histoire et de ses propres préjugés, qui rétrécissent son champ et sa volonté de compréhension. Une fois encore, essayons de prendre de la distance et de ne pas céder les rênes à nos émotions.

Que le tour que prennent les choses actuellement nous plaise ou non, une chose est sûre : le monde surfe une vague de changement. Comme toutes les vagues, elle finira en gouttelettes sur le sable et le calme reviendra. Les extrêmes auront rempli leur rôle et les plateaux de la balance pourront retrouver leur équilibre. Quand et à quel prix, me direz-vous ? Je l'ignore. Espérons qu'alors nos sociétés sauront en tirer les enseignements et quelles ne retomberont pas dans de nouvelles ornières.... au moins pendant quelque temps ! 

 

 

 

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