Impatience
Je ne sais pas vous, mais moi en ce moment je me sens comme une graine enfouie sous la terre.
Figée dans une suspension du temps à l'image de la luminosité stagnante dans laquelle baignent les journées du lever au coucher du soleil ( je commence à me demander s'il existe encore vraiment d'ailleurs), j'attends.
C'est l'hiver : la scène paraît abandonnée et pourtant le spectacle se prépare activement en coulisses, loin des regards. Je le sens : le cocooning commence à me peser, j'ai des envies de m'ébrouer, de faire autre chose, d'être ailleurs, de chevaucher le vent de renouveau que nous promet cette année.
Mais pour l'heure, tout cela paraît bien théorique et je dois souffler avec vigueur sur ma lumière intérieure pour lui arracher péniblement quelques lumens. Je commence à me demander si les graines que j'ai semées depuis quelques mois finiront un jour par éclore. Le printemps en moi s'impatiente.
J'en ai assez de la gestation, je veux de l'éclosion, que dis-je de l'explosion ! Je veux de l'énergie, de l'enthousiasme, du dynamisme ! Mais où a bien pu passer la clé du placard aux projets et aux envies ?
Je trépigne, mais ça ne change rien. Y aurait-il là une leçon que je ne renâcle à apprendre ? Parce que finalement, quand la fleur éclot, on oublie sa longue période de germination souterraine et on se réjouit de ses couleurs et de son parfum. J'aspire à la permanence métaphysique et je râle parce que les choses ne changent pas assez vite... Et voilà, je me suis encore pris les pieds dans mes contradictions !
Bon, alors je prends une profonde inspiration et j'attends que le monde se remette en branle. Après tout, ce que je ressens comme de l'inertie est peut-être un repos ou un répit nécessaire. Ah, je sens s'amorcer un frémissement d'anticipation, on dirait que la graine se réveille !
Mais quand même, c'est quand que ça change ?