Le syndrome du lotus bleu

Publié le par Jyoti

Le syndrome du lotus bleu

Si vous avez lu comme moi tous les albums de Tintin, vous connaissez le Lotus bleu. Sinon, voici ce à quoi je fais allusion : un jeune homme empoisonné par le poison-qui-rend-fou veut à tout prix couper la tête des gens avec son sabre pour leur bien.

Des gens qui veulent me couper la tête pour mon bien, il y en a plein : ce sont tous les extrémistes, les agents de la police alimentaire et environnementale, tous les tenants du politiquement correct, tous ceux qui pensent que ce qu’ils jugent bon pour eux l’est obligatoirement pour autrui et qui veulent à tout prix que ceux qui ne pensent pas comme eux « voient la lumière ». Comme moi et pas mal d’autres sommes apparemment trop limités pour savoir ce dont nous avons besoin ou penser tout seuls, ils nous bombardent d’émissions de télévision, d’articles, de blogs, de sites Internet et de lois pour nous convaincre de leur point de vue (c’est moins pire) ou nous l’imposer (c’est plus pire).

Ça m’agace. Beaucoup. D’une part, parce que j’ai le culot de croire que je suis la mieux placée pour savoir ce qui est « pour mon bien », faire mes propres choix et les assumer. D’autre part, parce que si on veut bien regarder un peu en arrière, le bien d’hier n’était pas celui d’aujourd’hui et celui d’aujourd’hui ne sera probablement pas celui de demain. Ou alors on s’apercevra que le bien si formidable avait des inconvénients que le temps a révélés (souvenez-vous du DDT...).

Il est bon de s’interroger, de réfléchir et de remettre en question, c’est comme cela que les choses évoluent. Mais à condition que l’évolution soit porteuse d’élévation, pas de constriction. L’échange de points de vue constructif et le respect des choix de l’autre, voilà qui est porteur de progrès véritable et durable.

Le syndrome du lotus bleu a un autre nom : l’intolérance. Et l’intolérance, qu’elle soit sociale, politique, religieuse, ethnique, alimentaire, environnementale ou autre, ne voyage jamais seule : le conflit, l’ostracisme, l’arrogance et l’hypocrisie sont ses fidèles compagnons.

Que tous ceux qui sont prompts à brandir le sabre réfléchissent à deux fois avant de l’abattre. Attention à ne pas aller trop loin et à ne pas verrouiller nos sociétés dans des comportements et des modes de pensée stéréotypés qui se substituent à la réflexion et aux choix personnels. Rappelons-nous des temps où on célébrait la différence. Ils ne sont pas si lointains !

Le monde matériel et les sociétés humaines qui vont avec ne sont pas parfaits et ne le seront jamais, d’autant plus que la perfection sur ce plan est un concept très relatif : son contenu diffère selon les individus, les époques, les régions du monde, etc. Alors, adeptes du sabre, les lendemains auxquels vous vous entêtez à œuvrer en notre nom risquent de chanter faux !

Contre l’uniformité, je brandis la diversité qui constitue l’universalité, les parties qui font la richesse du tout. N’oublions jamais que nous sommes des êtres de conscience dotés de libre arbitre.... Et vive l'accent circonflexe !

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