Spiritualité vs religion
Le petit texte ci-dessous m’a été inspiré par l’observation que, très souvent, les gens tendent à confondre spiritualité et religion. Certes la spiritualité est présente dans la religion, mais à mon sens elle n’a pas besoin de la religion pour exister.
Élevée dans une famille historiquement catholique mais athée depuis trois générations, je suis bien placée pour savoir que l’aspiration à la transcendance ou la sensation qu’il doit y avoir « quelque chose d’autre » que ce que nous percevons tous les jours est latente en chacun de nous, plus ou moins confusément selon notre histoire personnelle. L’intérêt pour l’ésotérisme, par exemple, en constitue déjà une manifestation.
Que faire lorsque cette aspiration se fait plus insistante ? À mon sens, deux grandes voies s’ouvrent à nous.
Nous pouvons nous tourner vers du « prêt-à-porter », c’est-à-dire la religion en tant qu’institution composée d’une doctrine, de rituels, de règles et d’une organisation à laquelle on se rallie ou dans laquelle on grandit. Dans les deux cas, elle est proposée déjà totalement constituée et l’on a que le choix d’en partager les croyances ou pas, de la pratiquer ou pas, d’en faire partie ou de s’en détourner. Tenue en taille unique, elle est certes proposée en différentes nuances de couleur et différentes textures, mais la forme est la même pour tous. Alors certains s’y sentent à l’aise, d’autres à l’étroit, d’autres encore préfèrent l’oublier au fond d’un placard.
Nous pouvons aussi nous tourner vers du « sur mesure », c’est-à-dire une approche spirituelle que l’on taille et que l’on assemble petit à petit. Au fil des lectures, des rencontres, du vécu, la forme, la matière, la ou les couleurs qui nous conviennent le mieux se précisent. L’aspiration un peu vague du début prend corps et s’affine. Et un jour, on s’aperçoit que ça y est, la tenue est prête, elle nous sied à merveille. Elle nous sied même si bien que l’on oublie qu’on la porte parce qu’elle s’est fondue en nous.
Bien sûr, les choses ne sont pas aussi tranchées : il peut y avoir des esprits originaux et libres dans la religion (cf Maître Eckart, par exemple) et des « écoles » ou des « lignées » spirituelles qui se figent dans une rigidité quasi institutionnelle.
Chacun suit sa voie : certaines personnes préfèrent faire le trajet en autocar, regarder défiler le paysage derrière des vitres teintés, laisser à d'autres le choix de l’itinéraire et de la destination. D’autres, comme moi, préfèrent avancer tranquillement à pied, se laisser porter par le chemin, regarder autour d’eux, sentir la brise sur leur visage, marcher seuls avec pour guides les textes puisés à la source et pour appui des compagnons de route.
Au final, j’aime à penser que l’adepte d’une religion et celui d’une tradition spirituelle utilisent des chemins et des moyens différents pour atteindre une même destination : l’élévation de l’âme, et que, au final, c’est cela le plus important.