Impressions de Bruges
Bruges est une destination très prisée. Il paraît que c’est une des plus belles villes d’Europe. À en juger par la multitude de touristes du monde entier qui s’y presse, c’est en tout cas sûrement une des plus visitées ou bien une de celles dont le service de communication est le plus efficace. J’ai beau être un monument de mauvaise foi, je ne peux pas nier que ce soit une jolie ville avec ses canaux et ses maisons typiques du nord de l’Europe. Ceci dit, des jolies villes, et même des belles, notre vieux continent en regorge.
Ma réticence à rejoindre le chœur des laudateurs de la « Venise du nord » tient à ce que j’ai eu l’impression de plonger dans un décor tout droit sorti de l'univers bien lisse de la Souris-aux-grandes-oreilles. Amateurs de boutiques de souvenirs et de "produits locaux", ne cherchez plus : vous avez trouvé votre paradis. Je veux bien croire qu’on puisse vivre d’amour et d’eau fraîche, mais de dentelle et de chocolat ? J’ai des doutes. Allez, j’exagère, comme d’habitude : il y a aussi des frites et des gauffres (avec de la chantilly). Du chocolat, des frites et des gauffres (avec de la chantilly), arrosés par de la bière éventuellement… vous l’avez compris : Bruges n’est pas la destination anti-calorique par excellence. Ou alors, il faut se limiter aux moules (sans les frites) et aux crevettes (sans les croquettes).
Parce qu’en centre-ville, il n’y pas quasiment pas d’autres commerces. Un petit supermarché s’immisce ici et là entre deux boutiques de souvenirs, discrètement, comme s’il s’excusait de rappeler qu’il y aussi des « vrais » gens qui vivent et travaillent à Bruges. Effectivement, de temps en temps des vélos vous doublent furtivement, pressés d’aller voir ailleurs ce qui s’y passe. Il y aussi des bus et des enfants avec des cartables. Donc il y a bien des habitants quelque part. Mais où vivent-ils ? Où font-ils leurs courses ? Est-ce qu’ils sortent la nuit, quand les touristes sont couchés ? Ça m’étonnerait, parce que le climat n’est pas très propice à traîner dans les rues jusqu’à pas d’heure.
En fait, Bruges semble vivre simultanément sur deux plans différents. En surface, il y a des touristes qui paraissent principalement occupés à manger, boire, marcher (souvent les trois en même temps) et brandir leur carte de crédit et en filigrane, il y a des gens qui y mènent une vie ordinaire, sans histoire.
Pour être totalement honnête, au milieu des touristes qui parlent à haute voix dans les lieux où ils feraient mieux de se taire (merci à la photo numérique, qui évite au moins le crépitement des flashes), il y en a qui s’intéressent à ce qu’ils voient. Parce qu’il y a des choses à voir à Bruges, malgré tout. Et si j’imagine la ville sans personne dedans, je reconnais qu’elle a beaucoup de charme (surtout quand il fait beau, parce que sous la pluie, on se lasse vite quand même).
En fait, le plus grand mérite de Bruges à mes yeux, c'est de m'avoir donné envie d'aller voir à quoi ressemble vraiment la Belgique. Rien que pour ça, ça valait le coup d'y aller. Deux fois.