Amour
On croit avoir fait le tour, pas de tout mais enfin de pas mal de choses au fil de temps. Et puis boum, une porte s’ouvre et on la prend en pleine face. L’amour style mère Thérésa, l’amour universel, il faut tous s’aimer, j’ai toujours trouvé ça un peu niais. Ça m’agaçait même profondément, je l’avoue, parce que je n’avais pas la moindre idée de ce que c’était. Alors, je faisais ma provocatrice et je n’étais pas plus avancée. L’attachement amoureux, l’euphorie, le cœur qui bat plus vite, etc., oui, j’en ai même repris plusieurs fois. Mais ce fichu amour dont on me rebattait les oreilles… Et puis voilà. Une déflagration violente qui vous prend par surprise, une explosion de lumière, un bonheur profond, libre, qui ne demande rien à personne, sans séduction, sans attentes, sans projets, sans même nécessité de réciprocité. Une lumière qui baigne la vie, qui emplit la grotte du Cœur, une envie de rire permanente au bord des lèvres. J’imagine qu’il avait toujours été là, qu’il est toujours là en chacun d’entre nous, mais il faut que se présente la situation ou bien la ou les personnes propices à sa révélation. Et une fois qu’on l’a reconnu, rien n’est plus tout à fait pareil. Tout est mieux. Et comme il est intemporel et qu’il n’est pas attachement-ligature, il demeure, toujours disponible, prêt à flamber à nouveau à tout moment. À dire vrai, je n’aime toujours pas tout le monde ! Mais je sais qu’au détour d’une rencontre, d’une lecture, d’un paysage, d’un moment, il se dressera à nouveau à mes côtés dans toute sa splendeur. Quand j’ai découvert l’arbre des Sephiroth, la pensée m’est montée un jour : « je ne suis plus seule ». Et je me suis dit : « ah bon, j’étais seule avant ? ». Et maintenant je me dis : « ah bon, j’avais aimé avant ? ».